Qu’il est dur d’être au MoDem sous l’ère Sarkozyste !
2007.
La brise de l’été soufflait sur nos peaux encore bronzées, à l’heure où Seignosse n’était pas encore le décor d’une LipDaube du plus mauvais goût. A l’heure où nos espoirs étaient portés par près de sept millions de voix. A l’heure où les idéaux démocratiques se déclinaient devant nos yeux ébahis. Fi du clivage droite/gauche. Fi de l’opposition pavlovienne. Fi d’être le faire-valoir d’un seul parti. Le Mouvement Démocrate revêtait ses plus beaux habits. Souvenirs d’antan, Inconscience de nouveaux militants.
Trois ans plus tard, bien des choses ont changé. Pas dans nos valeurs : l’idéal démocratique de nous voir travailler avec tous et de trouver des convergences sur certains sujets ne s’est nullement altéré et il n’est pas d’adhérents du MoDem sans volonté ardente qu’il en soit ainsi dans la politique moderne. Mais entre-temps, une épine s’est glissée sous notre pied. Et cette épine, c’est Nicolas Sarkozy.
Parce qu’il propose une vision aux antipodes de nos valeurs, qui s’assied sur la séparation des pouvoirs et qui occulte le débat démocratique en étouffant un à un les partis de l’opposition, parce qu’il offre une vision cynique et assumée de sa politique en offrant à ses proches des nominations que d’aucuns auraient nécessairement cachées de peur d’être conspués mais aussi et surtout parce qu’il prostitue l’image présidentielle, en tenant de faire croire que c’est un homme comme les autres, ce qu’il n’est plus, en se présentant devant les militants UMP pour lancer la campagne régionale (du jamais vu !) ou en exhibant une vie privée faite de richesses et d’excès obscènes pour celui qui se revendiquait du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy a eu raison de nos meilleures intentions.
Devant un tel amoncellement de dysfonctionnements, les beaux idéaux du Mouvement Démocrate ne peuvent plus répondre. Alors quand on nous demande une ou deux initiatives élyséennes qui vont dans le bon sens, rappelant notre capacité à ne pas être manichéens, nous séchons. Et nous séchons d’autant plus que chaque projet de loi, chaque prétendue réforme qui sont toutes avortées, chaque idée défendue se fondent sur des principes antinomiques aux nôtre.
Là où Nicolas Sarkozy, et son Gouvernement (mais existe-t-il dans la pratique un réel Gouvernement en France ? ne serait-ce pas plutôt un ensemble d’individus, exécuteurs testamentaires de la politique du candidat perpétuel?) mettent l’argent au centre du système, pour créer une reprise économique, pour faire baisser le chômage, ou encore plus illusoire pour doper le pouvoir d’achat (thème tellement éprouvé qu’il se fait rare à présent…), le Mouvement Démocrate place l’homme au centre pour tenter de le sauver : il n’y a pas plus opposé en terme de vision de la société.
Nous voudrions bien appliquer nos beaux principes et reconnaître dans ce gouvernement quelques initiatives de qualité. Mais rien n’en ressort.
Même lorsque la droite sarkozyste entend défendre la laïcité française, principe fondateur pour le MoDem, elle ne peut s’empêcher de mêler clichés et cynisme électoraliste. Comment encourager de tels débats à trois mois des Régionales et en agitant le drapeau rouge des Minarets et des Burquas pour pimenter l’affaire ? Tout ceci n’est pas bien sérieux.
Alors, non sans une certaine mauvaise foi, l’on nous reproche de tendre la main à la gauche quand jadis l’UDF la tendait à droite, en refusant de travailler avec ceux qui sont en face. Mais comment pourrait-on travailler avec ceux qui se revendiquent de la méritocratie népotique ?
Comment pourraient-on travailler avec ceux qui pourraient, rhétorique aidant, défendre toutes les décisions aussi injustes soient-elles de peur de perdre sa place (seule Rama Yade a bien tenté quelques écarts ; mais elle sait parfaitement lire les courbes des sondages et a tout appris de son créateur. A malin, malin et demi. L’élève, à présent, surpasse son maître.) ?
Comment, enfin, pourrait-on travailler avec ceux qui au détour de la réforme territoriale, et par la grâce d’une mainmise sur les médias à travers leurs actionnaires principaux qui établissent avec le Président autant de connivences qu’il est permis d’en voir dans les Républiques bananières, tentent de museler toute opposition, d’occulter la pluralité et de créer de toutes pièces un parti d’opposition unique, dont Nicolas Sarkozy se revendique lui-même le DRH ?
http://www.dailymotion.com/video/xbfm96
Tant que la Droite sera à majorité sarkozyste, nul doute : nous ne pourrons plus tendre la main de ce côté-là. Le jour où, courageuse, téméraire mais surtout fidèle à ses valeurs, la droite coupera le cordon, se lèvera comme un seul homme en dénonçant des pratiques qui dénaturent la Droite républicaine française, alors nous pourrons tendre la main des deux côtés pour travailler ensemble. La balle est dans le camp… de l’UMP…
Par Yves Delahaie
Mon analyse pour simple ou simpliste qu’elle puisse paraître, est celle-ci : Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy a édifié sa stratégie pour gagner en 2012. L’opposant étant identifié en la personne de F. Bayrou, restait à agir. Premier acte avec les municipales de Pau, dont je rappele qu’il a fait l’objet de l’unique déplacement de campagne du Président de la République. Si c’est pas un signe ça…. Second acte, très anodin mais hautement symbolique, le retrait du garde du corps de F. Bayrou, il est vrai payé par l’Etat. Mais quand même. Troisième acte, l’arrivée fort opportune pour le moins d’Europe Ecologie dans le paysage politique français.
Tout ça me fait penser à ce qu’on lit parfois concernant les incendies : un verre d’eau suffit dans les premières secondes pour éteindre le feu, un seau d’eau est nécessaire dans la première minute, mais si le temps passe trop on ne peut plus rien faire et il faut appeler les pompiers.
Il fallait éteindre l’incendie « Bayrou » avant qu’il ne soit trop tard. Au risque d’être fataliste, je pense que c’est réussi….