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Le temps des financiers et des comptables | Le blog des democrates lillois
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Le temps des financiers et des comptables

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« Vous savez, je dis ça sans présomption aucune…je suis le dernier des grands présidents. Enfin je  veux dire le dernier dans la lignée de De Gaulle. Après moi, il n’y en aura plus d’autres en France. A cause de l’Europe, de la mondialisation…rien ne sera plus pareil. Après moi il n’y aura plus que des financiers  et des comptables.. »

Michel Bouquet dans le rôle de François Mitterrand, « Le Promeneur du Champ de Mars », film de Robert Guédiguian adapté du livre de G-M Bennamou

Depuis quelques jours, le monde médiatico-économique s’enflamme après la dégradation des notes financières de la Grèce, le Portugal et l’Espagne par Standard & Poor’s. Soyons clairs : la plupart des citoyens français observent leurs représentants politiques commenter les probables conséquences de telles ou telles évolutions de la Bourse sans rien y comprendre et les voient surtout incapables de prendre la moindre décision POLITIQUE permettant de redonner un sens à ce mot.

(Sur la question des agences de notations , lire le très bon article de Philippe GONON du MoDem de Besançon : « Notions de Rating à vite oublier »)

Cet « affolement » illustre parfaitement deux de mes récentes lectures. Dans les deux extraits suivants vous pourrez selon moi découvrir quelques symptômes des différentes crises actuelles, ou plutôt du nouveau et profond « malaise dans la civilisation ». Elles présentent l’un des problèmes majeurs rencontrés par le politique : la question du temps et son rapport avec l’idéologie du capitalisme néolibéral.

A ce sujet j’écoutais justement ce matin Robert Rochefort, vice-président du Mouvement Démocrate,  qui était l’invité de France Info (revoir l’émission) :

« Nous avons l’illustration que le temps politique n’est pas assez rapide«  « Il faut absolument qu’à l’avenir nous ralentissions le temps de la spéculation et des marchés financiers, et qu’à l’inverse on s’organise pour que le temps politique soit beaucoup plus rapide ».

J’invite Robert, s’il nous fait l’amabilité de passer par ici , à relire les passages suivants :

Jean-Claude Guillebaud , La refondation du Monde (Seuil , 1999)

extrait p.116-119

« Chacun d’entre nous, au fond, pressent que quelque chose s’est déréglé – et dangereusement – dans notre rapport au temps, à la durée, à l’avenir. Certes, le siècle qui s’achève nous a guéris d’une sacralisation de l’Histoire, mère avérée des crimes et des idéologies. Nous ne voulons plus nous soumettre aux rigueurs d’un quelconque projet prométhéen préparant des lendemains qui chantent, et qu’une police politique viendrait, tôt ou tard, nous remettre en mémoire à coups de trique. Nous nous méfions des grandes aventures politiques et des utopies « totales ». Nous avons quelques raisons pour cela. Il n’empêche ! L’extraordinaire aphasie de l’époque sur ses propres desseins ne nous dit rien qui vaille. Une interrogation fondamentale nous hante que nous n’osons pas toujours exprimer. Vers quel projet nous embarquent au juste ce néototalitarisme de la société marchande et cette prolifération technicienne ? De quelle insuffisance s’accommode l’espérance appauvrie, pour ne pas dire misérable, du néolibéralisme ambiant ? Faut-il chercher ne serait-ce qu’un substitut de projet historique dans ces envahissantes supputations chiffrées ?

« Tous les jours, les commentateurs débattent avec beaucoup de componction pour savoir si le taux de croissance du PIB sera cette année de 2,3 ou de 2,5 %, comme si notre destin en dépendait. C’est un tabou. Si bien qu’on n’a plus besoin de justifier la croissance par les bienfaits qu’elle est censée apporter aux individus ou à la collectivité. Ou du moins ces bienfaits semblent aller de soi2. » II suffit de s’extraire une seconde du tin­tamarre quotidien pour comprendre l’inanité du « sus­pense » arithmétique, ramenant le devenir de l’huma­nité à ces récitations de décimales sur la croissance, les taux d’intérêt, la capacité de mémoire des microproces­seurs ou le séquençage du génome humain. Il occupe pourtant les esprits, les politiques et le reste. Notre salut tiendrait donc à l’un de ces chiffres après la virgule. A 2,7 de croissance du PNB nous serions sauvés ; à 2,3 un grand malheur serait annoncé. Chacun de nous, même s’il fait mine d’y souscrire dans sa vie quotidienne, comprend l’imbécillité de ce prurit quantitatif. Au mieux sert-il à masquer – et encore, bien mal -une vérité qui s’impose de manière confuse : l’évanouis­sement progressif de l’avenir; l’écroulement silencieux de nos représentations du lendemain.

L’avenir n’est plus ce qu’il était

De cet évanouissement, tout et tous nous parlent aujourd’hui à mots couverts. Les experts interprètent par exemple la financiarisation de l’économie comme un triomphe du court terme, du spéculatif, du fréné­tique boursier au lieu et place du projet industriel qui motivait les bâtisseurs de jadis. Les choix monétaires (équilibre des comptes, taux d’intérêts élevés, stabilité, etc.) correspondent à un dynamisme au jour le jour qui postule – pas toujours, mais souvent – une dépréciation de l’avenir plus lointain. Du moins en termes de volonté agissante, de civilisation ou d’espérance.

Le temps des marchés financiers, qui impose doréna­vant son rythme à la vie économique tout entière, est une caricature de cet impérialisme du court terme -et de l’amnésie qui l’accompagne. « Cette déformation pathologique des structures de la temporalité qui s’ex­prime par l’écrasement indistinct de tous les horizons sur le présent immédiat n’est évidemment possible qu’au prix d’une très forte capacité d’amnésie. L’in­quiétude pour les cinq ans à venir qui met en transe tous les marchés est oubliée dans la demi-journée, ce qui est bien naturel si l’on veut pouvoir se donner sans retenue à l’angoisse à sept ans qui suit la précédente. Ainsi, au sens premier du terme, le marché est inconsé­quent. A la longue durée qui, en principe, devrait consti­tuer l’horizon pertinent de l’action politique […], le marché oppose les verdicts d’un temps mis en pièces3. » II est vrai que les marchés, par définition, répugnent à toute idée d’incertitude. La politique en est un. Le volontarisme démocratique, fondé sur la libre – et donc incertaine – délibération est une horreur conceptuelle pour les marchés. Elle est un risque qu’il s’agit de réduire ou d’éliminer.

Cette « idéologie du monde » – celle du marché – est une logique en soi qui favorise mécaniquement la rente, la conservation, l’immédiateté du bénéfice. Si l’on s’inquiète encore pour le lendemain, ce n’est plus tout à fait du même qu’il s’agit, c’est celui des futurs retrai­tés auxquels on sacrifie le cas échéant les forces vives , d’aujourd’hui, renvoyées au chômage de masse (en Europe) et à la précarité des working poors aux États-Unis. Dans les entreprises, la valorisation la plus rapide possible du capital – le fameux « retour sur investisse­ment » – relègue au second plan les soucis de cohésion collective, de projet commun, d’affectio societatis, de détour productif, bref de tout ce qui tempérait jadis l’impatience de l’argent.

2 Guy Roustang, « Logique tentaculaire du marché et individualisme négatif », in La résistible emprise de la rationalité instrumentale
3 Frédéric Lordon, Les Quadratures de la politique économique. Les infortunes de la vertu, Albin Michel , 1997

*****************************

Nicole AUBERT, Le Culte de l’Urgence, la société malade du Temps (Flammarion, 2003)

extrait p. 37-39

La logique du marché et la révolution de l’instantanéité

La principale explication de ce règne de l’urgence est de nature à la fois économique et technologique. Elle mérite que l’on s’y arrête un moment pour comprendre comment les dérives qui se sont produites ont peu à peu envahi la vie de tout un chacun. Elle tient à la transformation du mode de régulation de nos sociétés occidentales, passées progressivement d’une organisation contrôlée par l’État à une régulation assurée dans l’instantanéité par la logique des marchés financiers. C’est donc la logique du Marché qui, en s’appuyant sur la révolution survenue dans domaine de l’information par la fusion des télécommunications et de l’informatique13 , et en trouvant dans cette révolution de l’instantanéité une nouvelle forme d’expression de sa puissance, constitue l’un des fondements économiques du bouleversement de notre culture temporelle. Ces deux phénomènes se sont en effet conjugués pour instaurer le règne d’une économie financière régie par la dictature du « temps réel» et de l’immédiateté des réponses aux sollicita­tions du marché. En utilisant l’instantanéité induite par les nouvelles technologies, la logique du Marché, avec ses exigences, a donc imposé sa temporalité propre conduisant à l’avènement d’une urgence généralisée. Si cette nouvelle logique qui sous-tend l’économie ne s’applique très directement qu’aux nombreuses sociétés cotées en Bourse, qui représen­tent une part importante du PNB, elle s’est étendue, par contagion, à toutes les entreprises et toutes les fonctions sur lesquelles pèse un rapport direct avec leur marché et leurs clients. Puis, de proche en proche, elle s’est étendue à l’ensemble des sphères de la société, créant dans bien des domaines cette même exigence d’immédiateté des réponses 14.

Pour les entreprises, cette logique de l’instanta­néité, sous-tendue par le mécanisme des marchés financiers censés s’ajuster à la minute, a fait basculer la compétition du champ de l’espace dans celui du temps : c’est désormais en gagnant du temps que l’on gagne de nouveaux marchés. Elle s’est aussi traduite dans la manière dont l’entreprise se projette dans l’avenir et l’on a assisté à l’éclosion d’un « court-termisme idéologique15 », traduisant une incapacité à se projeter au-delà du court terme, comme en écho au court terme oppressant dans lequel vivent nos socié­tés. Elle s’est enfin répercutée sur le rythme de travail au quotidien, qui s’est trouvé affecté par la même exi­gence de réactivité immédiate. Dans l’univers hyper concurrentiel auquel l’entreprise doit faire face, l’im­médiateté des réponses constitue une règle de survie absolue, d’où un raccourcissement permanent des délais, une accélération continuelle des rythmes et une généralisation de la simultanéité16.

13 Laïdi Z. , Un monde privé de sens, Fayard, paris 1994 ; Castells M., La Société en réseaux, Fayard , Paris, 1998
14 Aubert N. « Le sens de l’urgence », Science de la Société n°44, mai 1998
15 Usunier JC., « Une critique de la fonctionnalité de l’urgence », temporalistes n°29, p.5-9, 1994
16 Jauréguiberry F., « Télécommunications et généralisation de l’urgence », Sciences de la Scoiété n°44, mai 1998

 

1 Commentaire

Il n’y a pas que le temps qui compte, sans jeu de mot…
Il y a surtout une »nouvelle donne des cartes » dans les blocs « Argent contre Etat »… et à entendre nos « grands » politiques, la pente est à fort pourcentage et savonneuse, en notre défaveur.

Je vous renvoie à une autre analyse :
http://mamouchka.lesdemocrates.fr/2010/03/18/%CF%84%CE%BF-%CE%B3%CE%B1%CF%81%CE%B1%CE%B4%CE%BF%CE%BE%CE%BF%CE%BD-%CE%B5%CE%BB%CE%BB%CE%BD%CE%B9%CE%BA%CE%BF%CE%BD/

Mamouchka.

Par Mamouchka, le 29 avril, 2010