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Le temps médiatique

Nouvelles lectures pour ce dernier article de réflexion sur le rapport entre le politique et le temps, avec un focus aujourd’hui sur le rôle des media à l’ère postmoderne (ou pour être plus précis, hypermoderne, mais c’est un autre sujet…). Toujours extrait de la revue COMMENTAIRE, un extrait de l’article intitulé « La politique a perdu (l’initiative de) la parole » par Benjamin FERNIOT.

En introduction et pour comprendre la notion de postmodernité, je vous invite à lire ce très bon article de 2007 par Fabio Caprio Leite de Castro « Le postmoderne ou l’hémorragie du discours ».

Relisons également un passage de l’essentiel ouvrage de Christian SALMON, Storytelling, qui décrivait dans sa postface à l’édition de 2008, une situation que nous commençons désormais à bien connaître :

« L’élection de Nicolas Sarkozy à la prési­dence de la République en mai 2007 a inauguré un nouveau cycle dans la vie politique française et a bouleversé les formes du pouvoir exécutif tel que ses prédéces­seurs l’avaient exercé depuis la fondation de la Ve République. S’inspirant largement des techniques de communication mises au point dans les années 1990 par les équipes de Bill Clinton aux États-Unis et de Tony Blair en Grande-Bretagne, le nouveau président s’est employé dès les premiers jours de son mandat à contrôler l’« agenda » des médias en scénarisant son accession au pouvoir, en structurant l’action politique en séquences cohérentes, et en lui donnant le rythme et la forme d’un feuilleton permanent dans lequel alternent des épisodes de la vie publique et de la vie privée. »

Dans ce même ouvrage, Christian SALMON rappelle que dans ses Mémoires, Richard Nixon, créateur du White House Office of Commu­nications, donnent une description très claire de l’action d’un président à l’ère postmoderne : « [ils] doivent être des maîtres dans l’art de manipuler les médias, non seulement pour gagner les élec­tions, mais pour mener à bien leur politique et soutenir les causes auxquelles ils croient. Ils doivent en même temps éviter à tout prix d’être accusés de manipuler les médias». Pour une présidence postmoderne, « le souci de l’image doit primer sur le sens ».

Le point de vue de Benjamin FERNIOT est légèrement différent, mais il me semble fort intéressant dans le débat sur le rapport du politique au temps :

Le temps médiatique

In COMMENTAIRE , Numéro 125, Printemps 2009

« Aujourd’hui, le pouvoir de la parole des hommes politiques s’incline devant le temps médiatique. D’une société de la connaissance qui repose sur la réflexion, la pédagogie et l’Histoire, nous sommes passés à une société de l’information, qui privilégie une information brute, en direct et en continu. Les ressources du pouvoir de la parole politique ne sont plus celles du rite, du lieu symbolique ou de la fonction de l’orateur. Alors que la parole politique doit primer sur l’information et l’opinion publique, l’information détermine et séquence désormais les prises de parole des hommes politiques. « L’information générale […] agit comme un moyen puissant de validation ou d’invalidation des discours [politiques] (1). » C’est moins le discours politique en lui-même que sa compatibilité avec l’actualité qui en détermine la valeur. Les médias qui obéissent à la loi de l’immédiateté imposent à la parole politique un rythme et un agenda. « L’information va de plus en plus vite, la communication de plus en plus lentement (2). » Dominique Wolton sous-entend que la parole politique est de plus en plus dépendante et à la remorque de l’information. Dans la société de l’information, le critère d’efficacité de la communication politique est moins sa compréhension que sa visibilité médiatique. En raison de la domination des médias sur la sphère politique, l’espace public se réduit à un espace d’immédiateté.

Du droit à la parole, nous sommes passés à un devoir de parole. D’une communication choisie, à l’initiative des hommes politiques, nous sommes passés à une communication subie, dictée par l’agenda médiatique. La communication politique est obligée de réagir et de commenter les opinions publiques. Elle s’adapte au format de l’information et au public présent pour produire in fine une communication fragmentée et toujours circonstanciée. Au flux continu d’informations répond un flux continu de communications. Les politiques ont perdu (l’initiative de) la parole.

Contrairement aux apparences, Nicolas Sarkozy n’impose pas son agenda politique aux médias ; la parole présidentielle se calque sur le temps médiatique. Nicolas Sarkozy répond à toutes les attentes de la politique spectacle : petites phrases, confidences off et formules chocs. La saillie de Talleyrand se vérifie d’une nouvelle manière : « II croit qu’il devient sourd parce qu’il n’entend plus parler de lui (3). » L’hyper-présidence et l’hyper-communication sont la réponse apportée par Nicolas Sarkozy à la société de l’information. Avec la surexposition médiatique du président de la République, tout est communication subie, rien n’est parole choisie. La soumission aux médias et la volonté affichée de ne plus respecter le protocole rendent inaudible la parole de Nicolas Sarkozy. La parole est vidée de son contenu pour n’être plus qu’un geste, un signe. L’énonciation prime sur l’énoncé. La parole-geste est sans durée ni mémoire, instantanément consommée, rapidement obsolète. « La communication politique est à l’heure actuelle indicielle avant d’être symbolique : elle repose sur le contact, sur la relation bien plus que sur la représentation ou que sur le discours et son contenu (4). »

Que restera-t-il de la série des vœux du président de la République à l’Elysée, à Strasbourg et à Saint-Lô ? Peu de chose. Aujourd’hui, la couverture médiatique de Nicolas Sarkozy est sans doute beaucoup plus large que celle des précédents présidents de la République. : mais demain, dans le flot continu de ses communications, ne risque-t-il pas qu’aucune de ses paroles n’émerge ni ne subsiste ? »

Benjamin FERNIOT

(1 ) Jacques Gerstlé, La Communication politique, PUF, 1992

(2) Dominique Wolton, www.wolton.cnrs.fr

(3) Saillie de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord à l’égard de François-René de Cahteaubriand

(4) Rémy Rieffel, Que sont les médias ?, Gallimard, 2005

 

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