Notice: add_custom_background est déprécié depuis la version 3.4! Utilisez add_theme_support( 'custom-background', $args ) à la place. in /opt/web/clients/m/modem/lesdemocrates.fr/public_html/wordpress_lesdemocrates.fr/wp-includes/functions.php on line 3573

Notice: add_custom_image_header est déprécié depuis la version 3.4! Utilisez add_theme_support( 'custom-header', $args ) à la place. in /opt/web/clients/m/modem/lesdemocrates.fr/public_html/wordpress_lesdemocrates.fr/wp-includes/functions.php on line 3573

Notice: add_shortcode est appelée de la mauvaise manière. Nom de code court invalide : flickr video. N’utilisez pas d’espace ou de caractères réservés, comme &, /, <, >, [, ou ]. Veuillez lire Débugger dans WordPress (en) pour plus d'informations. (Ce message a été ajouté à la version 4.4.0.) in /opt/web/clients/m/modem/lesdemocrates.fr/public_html/wordpress_lesdemocrates.fr/wp-includes/functions.php on line 3792
Retraites : la méthode Rocard | Le blog des democrates lillois
RSS Facebook Twitter
 

Retraites : la méthode Rocard

Dans un livre d’entretien avec Georges-Marc Benamou, paru en 2005, intitulé « Si la Gauche savait » , Michel Rocard revient entre autres choses sur son action en tant que 1er ministre de la France entre 1988 et 1991. Arrive la question des retraites et de son fameux « Livre Blanc » dont tout le monde parle dès qu’il s’agit d’envisager une réforme . Il m’a semblé intéressant de vous faire partager les propos de Michel Rocard et notamment la présentation de sa méthode pour réformer. Rocard lui même, dans un article de la Tribune,  faisait récemment la comparaison avec les événements récents. Il y a évidemment un fossé énorme entre le réformisme social-démocrate et l’autoritarisme libéral-conservateur. Extrait de « Si La Gauche savait » :

 » Georges-marc Benamou : Le dossier des retraites, juste­ment, c’était un dossier pour vous. Pas pour Raffarin, quinze ans plus tard. Pourtant, vous avez évité l’obstacle !

Michel Rocard : En aucun cas. J’ai eu cette phrase, que je maintiens : « Le problème des retraites est de nature à faire tom­ber quatre ou cinq gouvernements. » Cependant, j’avais une idée précise dans la tête. Dans un pays à l’électorat très partagé, à la majorité parlementaire fragile et peu cohérente, le changement du régime des retraites ne pourrait être fait par aucun gouverne­ment, faute de légitimité suffisante. Par conséquent, il fallait un accord négocié entre les partenaires sociaux – que, naturelle­ment, la loi entérinerait, mais après la négociation.

À cet effet, j’ai mis en place une stratégie sur sept ou huit ans. Premier acte : élaborer un diagnostic – un acte fondamental -et obtenir un accord des partenaires sociaux sur ce diagnostic. Pour ce faire, j’ai chargé le Commissariat au plan d’écrire un livre blanc, et j’ai négocié avec nos partenaires sociaux un accord sur le principe du diagnostic. Ils m’ont tous répondu posi­tivement, à la condition que je n’y associe pas le projet de réforme. Je leur ai soumis le texte du diagnostic, une fois réalisé. J’ai même obtenu d’eux qu’il lui soit associé ce que j’appelais une boîte à outils, c’est-à-dire l’inventaire général des paramètres sur lesquels on peut jouer : la durée de cotisation, le taux de cotisa­tion, le taux des indemnités journalières de l’assurance maladie, le pourcentage de remboursement sur la consommation pharmaceutique; plus des paramètres financiers… enfin, tout. Tout y était, avec l’idée d’éveiller les esprits, de faire réfléchir mais de ne rien induire. En 1990, j’ai publié le Livre blanc sur les retraites, avec cet accord du monde syndical. Un tabac.

Il y a trois problèmes de retraites : le régime de base, les régimes spéciaux et les complémentaires Ce Livre blanc ne concernait – c’est vrai – que le régime de base, le régime général de la Sécurité sociale, donc, pas les spéciaux, pas les fonction­naires. Et pas non plus les complémentaires. L’avant-dernière phrase du Livre blanc était : « II devient maintenant tout à fait nécessaire d’entreprendre la rédaction d’un second Livre blanc sur les régimes spéciaux. »

Tout le monde a oublié la suite. Au moment du Livre blanc, j’ai lancé une mission du dialogue sur les retraites – là, nous sommes dans le rocardisme pur et dur… Cette mission du dia­logue était dirigée par Robert Cottave, l’ancien secrétaire général des cadres Force ouvrière, pas chrétien, pas communiste, accep­table par tous, un type intelligent et réformateur, en plus, un vieil ami. La mission était : vous présentez le diagnostic à travers toute la France, vous faites des réunions de partenaires sociaux, dans tous les départements, dans tous les bassins d’emploi, durant deux ans. Il ne faut plus qu’un seul patron ni un seul syndicaliste se permette de nier les chiffres. C’était la deuxième étape.

La troisième étape prévue était l’ouverture de négociations entre les partenaires sociaux au vu des résultats du dialogue. Avec, pour objectif final : un accord interpartenarial à trois (l’État, le patronat, les syndicats ouvriers) sur le nouveau régime de retraite, sur les réformes nécessaires, que la loi aurait entéri­nées. Voilà la stratégie. J’ai été remercié au milieu de la deuxième phase… Et mon successeur, Mme Edith Cresson, a décidé que, Rocard ayant mal travaillé, elle supprimait la mission du dia­logue sur les retraites. Reste qu’une partie du boulot avait été faite. La mission du dialogue sur les retraites a été un évident triomphe. Et, dans ce climat de préparation aux sacrifices, Balladur allait en profiter pour faire, fin juillet, début août 1993, en pleines vacances, par décret, une réforme des retraites à mi-partie, en profitant du consensus qui s’était fait à partir du diagnostic.

Georges-marc Benamou : Autrement dit, c’est Balladur qui l’a faite. Pas vous.

Michel Rocard : Moi, on ne m’en a pas laissé le temps. Et surtout Balladur ne l’a pas faite comme il aurait fallu. Au lieu de provoquer une négociation qui était mûre, il a replacé l’État en seul décideur, ridiculisé les quelques syndicalistes qui s’étaient publiquement préparés à prendre le risque de négocier et convaincu définitivement les partenaires sociaux qu’avec l’État il faut toujours protester et réclamer mais surtout pas négocier puisqu’il décide seul. C’est grave. J’ai agi en bien d’autres domaines… Je vous dois un aveu. J’ai réformé sans tapage, et certaines de mes réformes n’étaient pas assez « sexy » pour les médias. Voilà mon tort, mon déficit dans ce que vous appelez le symbolique. Ainsi, mon travail de réformateur sur la médecine et la retraite avait un inconvénient : il n’y a jamais eu de scoops ni de gros coups instantanés. Donc, il n’était pas visible. Ça ennuyait la presse de raconter que, sur soixante-douze profes­sions médicales, on venait d’en mettre une au carré. Personne ne le savait vraiment. »

 

Les commentaires sont fermés pour cet article !